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raient alors la poésie française, nous les avions ! Mais, quoi ! si jeunes, c’était en désordre et un peu au hasard que nous nous jetions dans la mêlée et que nous marchions à la conquête de notre idéal. Il était temps que les enfants de naguère prissent des attitudes d’hommes, que notre corps de tirailleurs devint une armée régulière. Il nous fallait la règle, une règle imposée de haut et qui, tout en nous laissant notre indépendance intellectuelle, fît concourir gravement, dignement, nos forces éparses à la victoire entrevue.

Cette règle, c’est de Leconte de Lisle que nous la reçûmes.

Du jour où François Coppée, Villiers de l’isle-Adam et moi, nous eûmes l’honneur d’être conduits chez Leconte de Lisle, — M. Louis Ménard, le poète et le philosophe, fut notre introducteur, — du jour où nous eûmes la joie de rencontrer, chez le maître, José-Maria de Heredia et Léon Dierx, d’y voir Armand Silvestre, d’y retrouver Sully Prudhomme, de ce jour-là date, à proprement parler, notre histoire qui cesse d’être une légende ; et c’est alors que notre adolescence s’affermit en virilité.