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contre des poètes dont le crime le plus sérieux était de ne pas ignorer totalement la syntaxe française et d’aimer le son des belles rimes ? contre des enfants, parmi lesquels se trouvaient ces hommes futurs, François Coppée, Léon Dierx, Sully Prudhomme, José-Maria de Heredia, Villiers de l’Isle-Adam, Léon Cladel, et bien d’autres ? Il serait pourtant bien difficile de faire croire aujourd’hui que ces noms étaient alors des noms d’imbéciles !

Cette haine, si je ne me trompe, avait deux causes, et voici la première :

Tout jeunes alors, quelques-uns d’entre nous n’étaient pas sans défauts ; ce qui ne veut pas dire que, vieillis, ils soient devenus parfaits. Ils avaient, ayant dix-huit ans, — je parle des commencements premiers, — toute l’audace des adolescences, avec quelque impertinence aussi. Eux, les néo-romantiques, — c’était le nom que l’on aurait pu nous donner, — ils ressemblaient quelque peu aux Jeune-France d’antan par le défi de la parole et de l’attitude. Même, ils étaient ces Jeune-France, ressuscités. Dans leurs illusions juvéniles, ils pensaient qu’ils étaient revenus, les temps de belle folie où l’on jurait