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Ce poème avait pour titre le Jongleur ; vous savez qu’on le trouve dans le premier recueil de François Coppée.

Telles furent les circonstances grâce auxquelles le poète latent dans l’auteur des Fleurs mortelles devint presque tout à coup le parfait altiste que nous admirons tous. Mais si je suis fier d’avoir aidé à cette éclosion magnifique, il me déplairait fort qu’on accordât trop d’importance au rôle que j’y ai joué. De lui-même, un peu plus lentement peut-être, voilà tout, Coppée serait devenu ce qu’il devait devenir. Cela était nécessaire et fatal. Personne ne saurait créer un poète. Et j’aurais certes perdu le souvenir de mon influence passagère sur la destinée de mon ami si, tant de fois, il n’avait eu souci de la rappeler lui-même, et si je n’aimais cette gratitude exagérée à cause de la chère amitié qu’elle me prouve.

François Coppée fut célèbre très vite. Le Reliquaire, les Intimités, ces tendres et subtils poèmes d’amour où s’affirmèrent plus particulièrement les qualités distinctives de son talent, le firent connaître et aimer de tous les artistes ; le Passant fut le commencement de sa popularité