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bureau ! pour le lancer dans les aventures et les incertitudes de l’art.

Une chose surtout les troublait. J’avais décidé Coppée à modifier son nom de Francis, — qui me paraissait un peu trop grêle, un peu trop féminin, — en celui de François, banal, mais plus solide, un peu brutal, d’une sonorité franche. Madame Coppée avait des yeux un peu inquiets, quand j’appelais Francis, François. Il lui semblait peut-être que, sous ce nom nouveau, il serait un peu moins son fils. Mais ces muets reproches, qui s’achevaient d’ailleurs en de maternels sourires, je les acceptais sans remords ! J’étais tranquille, sûr de son avenir, à lui. Je consolais la mère, j’encourageais la sœur, et, après le repas de famille, nous retournions rue de Douai, Coppée et moi, pour lire, pour travailler encore jusqu’au matin. Bien des fois, le jour nous surprit penchés sur la même page toute chargée de ratures, car Coppée savait maintenant qu’il faut raturer, raturer toujours ; et enfin, après tant de rudes besognes, il acheva un poème où s’affirmait d’une façon définitive qu’il n’ignorait plus aucun des secrets de son art et qu’il était, comme il convient, le dominateur de son inspiration.