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« C’est moi qui suis l’auteur, m’avoua-t-il, mais ne le dites pas. »

Mon premier soin fut de proclamer la chose d’une voix retentissante ! et toute la franche jeunesse qui était là battit des mains avec fureur. Ah ! vraiment c’était ainsi qu’il avait caché son jeu ! Il faisait des vers, et ne le disait pas. Un poète de plus ! à la bonne heure ! et c’était de toutes parts des poignées de mains heureuses.

Je pris Francis Coppée à part :

« Laissez-les dire. On n’est pas un vrai artiste pour quelques bonnes strophes. Vous avez fait beaucoup de vers ?

— Six mille, s’écria Coppée.

— Apportez-les moi demain matin, tous ! »

Et le lendemain matin il me les apporta. Et je les lus, tous ! en quelques heures.

— Eh bien ? me demanda Coppée.

— Eh bien, mon cher ami, tout cela est exécrable. Vous êtes admirablement doué, mais vous ne savez pas le premier mot de votre métier.

— Apprenez-le moi, dit Coppée.

Et, sans avoir faibli un instant sous le rude coup de ma franchise, il jeta au feu, — nous