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jeune homme que je n’avais jamais vu. Très jeune, assez maigre, pâle, l’air fin, des yeux timides, qui regardaient autour de lui ; vêtu d’un habit étriqué, neuf et très propre cependant, il avait un peu de l’air d’un employé de commerce ou de ministère, et en même temps l’élégance de ses traits, la grâce ironique de son sourire, je ne sais quoi de doux, et d’un peu triste, de parisien aussi dans toute son attitude, faisait qu’on le remarquait, voulait que l’on prît garde à lui.

— Je vous présente M. Francis Coppée, me dit Emmanuel Glaser, un jeune homme qui a lu vos vers.

Bien qu’il fût assez flatteur pour moi que mes vers eussent été lus dans un temps où personne ne les lisait, j’avoue que je fus sur le point d’accueillir assez mal le nouveau venu. Il me déplaisait d’être dérangé dans ma tristesse et surpris dans mon dénuement.

Francis Coppée, lui aussi, ne laissait pas de montrer quelque gêne. Il regardait, autour de lui, le foyer sans feu, l’unique chaise cannelée d’où je venais de me lever, le lit étroit au fer déteint, les rideaux de vieille cotonnade rose,