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elle, ne savait pas même l’orthographe, de renoncer pour jamais à l’art des vers et de se borner à l’avenir à boire dans ses châteaux et à chasser dans ses forêts. Lord Byron eut l’outrecuidance de ne pas obéir à ce conseil, et je pense qu’il n’eut point tort.

Donc, nous aurions pu nous réjouir avec fierté d’être moqués et calomniés comme les maîtres. Mais, je l’ai dit, nous étions, quoique rimeurs, fort modestes, et nous n’osions pas croire qu’une analogie dans le dénigrement impliquât la moindre parité dans la valeur intellectuelle. Nous prenions notre mal en patience, ayant de belles consolations. L’amour de notre art, d’abord, un amour désintéressé, effréné, jamais ralenti ; la persuasion que nous faisions, sinon œuvre belle, du moins œuvre honnête ; et avec cela l’estime encourageante des vrais grands artistes et des vrais grands poètes. Une parole de Victor Hugo, un sourire approbateur de Théophile Gautier, de Leconte de Lisle, de Charles Baudelaire, de Théodore de Banville, nous faisaient oublier toutes les vaines criailleries et tous les rires cruels.

Cependant, d’où venait tant de haine acharnée