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Je suis là, n’osant plus monter
Et ne voulant pas redescendre.



Ce qu’il chante de préférence, ce sont les amours discrètes des cœurs sans passion, les rêveries qui se formulent à peine, s’ébauchent un instant, s’effacent. Il ne sera pas tenté par les belles violences des pleins midis, ni par l’intensité des ténèbres. Les heures qui lui sont chères, ce sont les matins qui ne sont pas encore le jour, et les soirs qui ne sont pas encore la nuit. Dans quelles limbes se meut le fantôme de ce sonnet ?

L’AVENUE


Nos âmes tant de fois s’oublièrent, bercées
Sous ces grands arbres noirs de la chanson du vent !
Le long de ces vieux murs, elle et moi, si souvent
Nous avions vu glisser nos ombres enlacées !

Quand j’ai longé, suivant les traces effacées.
L’avenue où moi seul irai dorénavant,
Tous mes chers souvenirs m’y guettaient, se levant
Au bruit sec de mes pas sur les feuilles froissées…