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la poésie française. Il suffisait de prononcer le mot « Impassible » pour que tout le monde pouffât de rire, et quelqu’un m’a affirmé qu’un jour, dans un embarras de voitures, un des cochers qui se querellaient, après avoir épuisé tout le vocabulaire populacier des outrages, avait enfin jeté à ses adversaires vaincus cette injure suprême à laquelle il n’y avait rien à répondre : « Parnassien, va ! »

Devant un tel débordement de colères falotes, les poètes nouveaux auraient pu, s’ils n’avaient été très modestes, éprouver un sentiment de fierté légitime. Car enfin nous savions l’histoire de nos maîtres et nous nous en souvenions. Nous savions que la critique contemporaine des chefs-d’œuvre romantiques avait traité Victor Hugo d’extravagant et de fou furieux, même après Hernani, même après Marion Delorme, Nous nous rappelions qu’Alfred de Musset, après les Contes d’Espagne et d’Italie, n’était encore pour quelques feuilletonnistes de son temps qu’un petit jeune homme sans conséquence, et nous n’avions pas oublié que le lendemain de la publication des premières poésies de Byron, la Revue d’Édimbourg conseillait au jeune et riche lord, qui, disait