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rayées passent rapidement dans leurs fines yoles ? Je ne sais, mais j’ai toujours pensé que c’était là le temple de la muse d’Albert Mérat. Et sans doute, dès que le soir monte et que tremblotent au ciel les yeux blancs des étoiles, les Faunes de rUe de Croissy, avec les Naïades de la Grenouillère s’en viennent vers elle en folles théories, et, lui jetant pour offrande des violettes des bois qui sentent la poudre de riz, forment autour d’elle des chœurs, sur le rythme de la dernière valse d’Olivier Métra.

C’est qu’en effet, Albert Mérat est, avant tout et surtout, le poète des environs de Paris. Mieux qu’aucun autre, il chante cette nature si spirituellement artificielle où les arbres ont l’air de figurer dans une forêt de féerie au théâtre du Châtelet, où les horizons se piquent de ressembler à des décors. Il dit tous les mystères à deux voix qui chuchotent sous les cerisiers de Montmorency, et les bavardages derrière les tonnelles des guinguettes, et les jolis mensonges des lèvres roses, plus roses de s’être mouillées dans le vin de bois de campèche qui usurpe le nom d’Argenteuil. Mais, remarquez-le bien, malgré la modernité familière de son vers, il ne s’en-