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aisser ce nom, ne fût-ce que pour affirmer à quel point nous avons répudié toute raucune des vaines brouilleries d’autrefois.

Je reprends mon récit.

Parmi les jeunes hommes qui logeaient ou venaient souvent à l’hôtel du Dragon Bleu, il y avait deux amis, deux inséparables, presque deux frères : Albert Mérat et Léon Valade. On était si accoutumé à les voir ensemble, qu’on avait pris l’habitude de mêler leurs noms comme ils mêlaient leur vie, et on les appelait volontiers Albert Valade et Léon Mérat. Ce sont là les amitiés charmantes de la vingtième année.

Ils travaillaient ensemble à une traduction de l’Intermezzo de Henri Heine, et allaient publier ou venaient de publier, toujours ensemble, un livre de vers avec ce titre frais comme le printemps, Avril, Mai, Juin, Il faut s’arrêter sur l’œuvre de ces deux délicats esprits.

Il y a dans une île de la Seine, à Courbevoie, tout près du pont, un petit édifice aux grêles colonnes ioniennes, qui, de loin, a un peu de l’air d’un débris de temple antique. Que fait-il là, étrange et joli, païen en pleine banlieue parisienne, tandis que les canotiers aux vareuses