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cisément que j’écrivis le plus futile et le plus souriant de mes petits recueils. Il était intitulé : les Sérénades. Je suis honteux de vous parler si souvent de moi et j’ai quelque peur de mériter enfin un reproche absolument contraire à celui que m’ont adressé des lettres trop bienveillantes. Mais je ne suis en somme qu’un coupable involontaire. Il n’y a pas de ma faute si à tous les coins de cette légende je rencontre si fréquemment le souvenir de moi-même.

Les Sérénades y sous-intitulées poèmes ingénus, formaient un tout petit ensemble de toutes petites pièces amoureuses. Cela voulait ressembler aux lieder de Henri Heine, et cela ressemblait aux tendres complaintes que chantaient sous les balcons les étudiants de Castille. Un mélange de songerie allemande et de crànerie espagnole. Sans me faire aucune illusion sur le mérite réel de ces courts poèmes, j’ai conservé pour eux une certaine tendresse, à cause peut-être, que sais-je, de quelque souvenir qui s’y rattache. L’inspiration aux yeux d’un poète peut surtout valoir par l’inspiratrice.

Je vous dirai deux ou trois sérénades. Voici le sonnet-prélude : Dona Clélie, à la fenêtre, interroge un jeune passant :