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pos délibéré une appellation qui eût affirmé leur ridicule et leur médiocrité ? La vanité inhérente à la profession de rimeur suffit à prouver qu’ils n’ont pas été leurs propres parrains. La vérité, c’est que le nom de « Parnassiens » a été imaginé et répandu par quelques plaisantins, aujourd’hui disparus, définitivement oubliés, qui, en ces temps-là, n’étaient pas sans avoir quelque influence sur l’opinion publique. Ces temps ne sont plus, heureusement ! La presse actuelle, même la plus frivole, ne croit pas que le dénigrement continu soit une forme honnête de la critique, pense qu’il ne convient pas de toujours rire, ne bafoue point les chercheurs, même maladroits, d’idéal et, littéraire, s’honore soi-même en honorant la littérature. Voulant publier un recueil collectif de vers nouveaux, les jeunes poètes d’alors avaient cherché un titre général qui n’impliquât aucun parti pris, ne pût être revendiqué par aucune école, ne gênât en rien l’originalité des inspirations diverses. Ils voulaient que leur livre commun fût à la poésie ce que le Salon annuel est à la peinture. Ilss songèrent naturellement aux publications analogues des poètes leurs ancêtres, et ils publiè-