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parut entre les Poèmes tragiques de Leconte de Lisle et les sonnets de José-Maria de Heredia, tout près de la Sieste de Jeanne de Victor Hugo. C’était notre façon d’être exclusifs. Il fit mieux encore, le journal des Parnassiens. Il ouvrit toutes grandes ses petites portes à presque tous les jeunes amis du maître de Médan. C’est la République des Lettres qui a publié les premières pages de Léon Hennique, de Guy de Maupassant, de Huysmans, de Paul Alexis, et qui est fière de l’avoir fait, puisqu’elle a concouru à produire des artistes d’une réelle puissance qu’il serait aussi absurde de dédaigner aujourd’hui qu’il était niais de mépriser autrefois les premiers Parnassiens. Je ne leur ferai qu’un reproche, à ces nouveaux venus : celui de dire ou de laisser dire qu’ils sont une école, — nous nous étions bornés, nous, à vouloir être un groupe. Ils auraient tort de supposer qu’ils apportent dans la littérature contemporaine quelque chose de réellement nouveau, d’imprévu, de sui generis, puisque leur apparition n’est au contraire que la suite de l’évolution romantique commencée en 1830 et puisque, malgré eux, ils sont comme nous, des poètes, des Parnassiens, révoltés, mais des Parnassiens !