Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes ! Il est l’universel et le Trismégiste. Il est Pan, il est tout ! il est, enfin, parmi les artistes, le Roi ; de même que parmi les hommes et les mots, le Verbe est Dieu !…


Cette intimité intellectuelle s’augmentait d’une familiarité de tous les jours. Baudelaire et Cladel ne se quittaient guère, et ce n’était pas une petite surprise que de voir ensemble ces deux hommes si divers, celui-ci avec sa précieuse correction de costume et de gestes, celui-là avec l’audace de ses débraillements ; celui-ci avec l’air d’un dédaigneux aristocrate, celui-là avec l’air d’un insurgé terrible ; mais l’insurgé obéissait à l’aristocrate, le querellant, le troublant, le tourmentant, le détestant — et l’adorant !

Aujourd’hui Léon Cladel est un des maîtres de notre littérature. Ayant gardé tout l’emportement premier de sa jeunesse, mais ayant appris à le soumettre aux justes lois du travail, il a écrit des livres qui ne mourront point : le Bouscassié, les Va-nu-pieds, la Fête de Saint-Bartholomée Porte-Glaive, Ompdrailles et tout dernièrement Kerkadec, garde-barrière. Le disciple de jadis a des disciples à son tour. Son influence s’étend,