Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/119

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son mouchoir ; Mademoiselle de Bonneval avoit la tête panchée sur son sein, & tâchoit de dérober sa confusion en se cachant le visage avec les mains ; tout mon sang étoit glacé ; mon cœur palpitoit, & j’attendois avec impatience la fin de cette avanture. Ce fut Madame de Valpré qui rompit ce silence stupide. Levez-vous, dit-elle séchement à Mademoiselle de Bonneval ; suivez-moi, Mademoiselle : elle obéit en tremblant, se lève, & retombe aux pieds de sa Tante, dont elle embrasse les genoux en versant un torrent de larmes, & sans proférer une seule parole. Madame de Valpré vouloit la repousser ; mais cette tendre victime de l’amour lui saisit la main, qu’elle baigna de ses pleurs. Ces innocentes caresses auroient rendu le bronze senfible ; j’étudiois les mouvemens de la Tante : je