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Les épis chuchotent.



Paul s’en allait à grands pas, sous le beau soleil de mai, et de sa main calleuse le blé tombait, tombait toujours sur le sillon que le soc avait remué.

— Arrête prodigue. C’est ton meilleur froment. Conserve-le dans tes greniers ou convertis-le en pain pour ta famille, pour tes enfants…

— Non, laisse-moi faire. Rien n’est perdu. Ce grain mourra sans doute, mais de la mort Dieu saura le faire revivre. Il n’est que prêté à la terre. La main divine qui le fera germer saura me le rendre au centuple…

Que craindrai-je encore ? puisque je sème et je prie, je sème et j’espère, je sème