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A UN AMI QUÉ MÉ DISIÉ DUVÉS LANGUIT

Escouta-mé moun chier ami,

Viras coumma pode langui :

De siey à sept vaou chiez Tounnella,

De Sept à noou co de Brunella ;

Après dina chiez mi Chiaber,

Ein co de Tabory lou souër.

M’arriva qué dins la jiournada

M’ein vaou fayre la proumenada ;

M’areste ein revenen dou chian,

Ou chiez Galas ou chiez Vitran.

Per fes faou la partida as cartas,

Surtout ou jio que l’on escarta,

As boulas amay ou byard ;

Mais quand yeou gagne es ben d’hasard.

Haïsse pas lou jio de dama,

Té l’assure d’ou foun de l’ama,

Que lou trove tan attrayant,

Que voudriey ye jiouguat tout l’an.

T’ay pas parla de ma cambretta

Ount’ay fa mettre ma couchièta :

Aqui faou moun son tout l’estiou,

Amay que souy ben, graça à Diou !


À un ami qui me disait : tu dois languir


Écoute un peu, mon cher ami,

Et vois comme je peux languir :

De six à sept je vais chez Tonnelle,

De sept à neuf je suis auprès de Brunel ;

Après dîner chez ce cher Chaber,

Puis un moment avec Tabory le soir.

Parfois dans la journée

Je vais faire un brin de promenade ;

Je m’arrête en revenant des champs,

Soit chez Galas, soit chez Vitran.

Parfois je fais une partie de cartes,

Je joue surtout à l’écarté,

Ou encore aux boules, ou au billard ;

Mais lorsque je gagne, c’est bien par hasard…

Je ne déteste pas le jeu de dames,

J’en atteste du plus profond de mon âme !

Car je le trouve si plaisant,

Que j’y jouerais bien toute l’année…

Mais je ne t’ai encore rien dit de ma chambrette

Où j’ai fait placer ma couchette :

C’est là que je fais la sieste tout l’été,

Et où je me trouve bien, grâce à Dieu !

Là sans bruit je m’adonne à la lecture,

Ou alors bien souvent à l’écriture,

Même si je n’y comprends rien,

Tout cela fait bien passer le temps.