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qui l’identifie de la manière la plus intime avec l’objet de sa tendresse, qui en fait un autre lui-même, mais un autre lui-même qu’il préfère à soi. C’est ainsi que ce sentiment, la plus sublime de toutes nos affections naturelles, double et embellit notre existence ; c’est ainsi qu’il anéantit le principe le plus destructeur de tout sens moral, ce froid égoïsme, cet amour de soi qui ressemble à la haine, resserre l’ame au lieu de l’épanouir, et comme l’avarice, ne vit que d’inquiétude et de privations ; c’est ainsi que ce sentiment trop méconnu dispose une ame sensible à tous les efforts, à tous les sacrifices que