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même temps le bonheur de deux êtres qui nous paraissent le mériter également ; je prononcerais peut-être aujourd’hui contre moi-même ; mais ce que j’ai bien éprouvé, c’est la fausseté de principe romanesque d’après lequel on assure qu’il n’est pas même possible d’aimer avec la même tendresse, avec la même bonne foi, deux hommes auxquels on peut se livrer tour-à-tour avec le même charme, avec la même confiance. On ne partage point son cœur, on le donne tout entier au moment de la plus douce jouissance ; et l’on conserve plus sûrement encore deux amans que l’on ne conserve deux amis, parce que l’intérêt qu’inspire l’amour a des soins, des attentions, un instinct de prévoyance et de délicatesse, que n’atteint guère l’intérêt de l’amitié la plus vive. Quelque différence qu’il y eût