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sienne. Moi je n’étais plus la même personne sous aucun rapport. L’extrême changement qu’avait éprouvé tout mon être était d’autant plus singulier, qu’il avait été produit le plus insensiblement du monde, sans projet, sans réflexion, sans effort et qu’il m’eût été très-impossible à moi-même d’en marquer l’époque. Mes liaisons avec Craffort avaient développé mon goût naturel pour les choses aimables ; je leur devais le peu d’esprit et de talens que je pouvais avoir ; ma liaison avec Séligni servit sans doute à seconder encore mes progrès dans ce genre ; mais l’influence qu’elle eut sur mon bonheur dérivait d’une autre source : sa manière de m’aimer, sans le vouloir, m’avait donné le sentiment d’une existence absolument nouvelle, d’une existence dont je fus profondément ravie, et