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a belle et rapide rivière de Kennel, au fond d’un petit vallon dont l’antique tour du poète Chaucer dominait la paisible et riante perspective. C’était à l’entrée d’une de ces brillantes nuits d’été qui semblent faites pour dédommager l’Angleterre du peu de beaux jours dont la laisse jouir son climat nébuleux, qu’assise dans un berceau de son jardin, Betzi faisait à sa plus jeune sœur, arrivée depuis peu de la Martinique, le récit qu’on va lire.

« Je vous ai peint Séligni, ma chère Henriette, tel qu’il était : bon, généreux, sensible, aimant, mais craignant de livrer son âme à toute la force, à toute la faiblesse de sa sensibilité naturelle. Il m’aimait avec passion ; et cependant il semblait redouter également le sacrifice de ma propre liberté comme celui de la