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de Betzi, quelque motif qu’elle eût d’ailleurs de s’applaudir de la tendresse de son amant, et quelque disposée qu’elle fût à reconnaître le bonheur de son choix. La philosophie de Ninon avait l’air d’avoir converti l’amour ; mais l’amour avait converti bien plus sérieusement la philosophie de Ninon. Betzi, grâce aux charmes de son esprit et de son caractère, était parvenue à se faire aimer avec tant de confiance, avec une passion si vraie, que pour répondre à tous les sentiment dont il avait rempli son cœur, elle se désolait souvent en secret de n’avoir pas été le premier objet de son amour ; elle se désolait encore plus qu’il n’eût pas été le premier, l’unique objet du sien ; elle eût enfin voulu n’avoir jamais aimé que lui. Sa raison, souvent aussi la crainte de blesser ou d’attrister son amant, l’engageait à renfermer