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L’AUTODAFÉ DE TROYES

(24 avril 1288)


En l’an 1288 ; le tribunal de l’Inquisition fit monter sur le bûcher treize Juifs…

La communauté juive de Troyes était florissante. « Que tes tentes sont belles », s’écrie Salomon Simcha, en rappelant les paroles de Balaam admirant le camp d’Israël dans le désert.

À la tête de cette communauté, parmi les notables, se trouvaient de riches propriétaires, Haquin Châtelain, Hagin de Chaource et d’autres. Leurs richesses excitaient envie des Chrétiens. Un complot se trama en Mars 1288. On forme des conciliabules, on pénètre, chez Châtelain, on lui parle avec une amitié feinte, qui cachait un piège, et on dépose subrepticement un cadavre dans sa maison.

Qui fut le meneur de l’entreprise ? Salomon Simchal donne un nom : « De la maison Jekhomen, dit-il, est sorti l’homme pervers. »

Le cadavre est découvert. Les Chrétiens, peut-être sous la conduite de Jacquemin (Jekhomen) s’ameutent contre les Juifs. Les Juifs n’ont-ils pas besoin de sang humain, du sang d’un enfant chrétien pour célébrer leur Pâque ? La nuit du Vendredi-Saint (26 mars), cette nuit qui précédait, leur septième et avant-dernier jour de Pâque, les Juifs la passèrent au milieu des terreurs de l’angoisse. « Demain matin, se dirent-ils, Dieu fera connaître ceux qui sont à lui. »

Châtelain qui avait vu avec effroi les premières