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LE DOGME ET LE CULTE CHEZ LES JUIFS


Chez les Hébreux, rien n’était plus simple que le dogme, mais le culte était plein de mystères. Dieu ne pouvait être représenté aux yeux par aucune image ; mais il était toujours présent dans le cœur et dans la pensée. « J’ai toujours Dieu en face de moi », dit le Psalmiste. C’est Lui qui parlait dans la Loi, qui dictait toutes les paroles du Prophète, qui descendait sur l’autel dans le feu du sacrifice, qui rendait des oracles sur la poitrine du Grand-Prêtre, et qui « remplissait l’Univers de sa gloire, pour parler le langage de l’Écriture, et qui avait aussi choisi, pour sa demeure visible, ce « Saint des Saints » où le successeur d’Aron pouvait pénétrer seul, une fois l’année.

Ôtez aux religions le mystère, et vous les verrez disparaître aussitôt pour ne laisser à leur place que des systèmes de philosophie. Mais le mystère n’est pas seulement dans les religions, il est aussi dans la Nature. Devant cette immensité, ces solitudes, cette voix mystérieuse de la mer, ce silence éloquent de la nuit, ces montagnes entassées les unes sur les autres, et ces débris d’un autre monde qu’elles renferment dans leur sein, comment se défendre, nous ne dirons pas de idée, de l’Infini, mais du sentiment de sa présence révélée dans tout notre être par une émotion indéfinissable ?

A. Franck
(Dictionnaire des Sciences philosophiques.)
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