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introduction


autres que les langues indo-européennes progresse ; mais les procédés qui ont réussi sur le domaine indo-européen ne sont pas partout également utilisables. Il faut réfléchir sur les méthodes employées, en examiner la légitimité, et voir comment on en pourrait étendre l’usage et les assouplir — sans en diminuer la rigueur — pour les conformer aux exigences des recherches sur des domaines nouveaux.

Il convient d’autant plus d’examiner les méthodes que, dans les derniers temps, beaucoup de linguistes ont avancé des hypothèses mal démontrées. Les nouvelles étymologies pullulent, et la plupart se présentent d’une manière telle qu’on n’en aperçoit pas même un commencement de démonstration. Il serait vain de les critiquer en détail tant qu’on n’est pas d’accord sur les conditions dont la réunion prouve la justesse d’un rapprochement étymologique. Pour qui admettra le bien fondé des principes exposés ici, une large part des hypothèses compliquées qui ont été faites sur le préindo-européen ou des étymologies indo-européennes qui ont été récemment avancées apparaîtra comme appelant à peine un examen. Bien que la discussion n’ait presque aucune place dans ces leçons, on y trouvera la critique implicite de beaucoup de travaux nouveaux qui ne satisfont pas aux exigences d’une méthode sévère.

On ne s’est pas proposé ici d’exposer des idées neuves, mais seulement de déterminer d’une manière précise les conditions où peut et doit s’employer en linguistique historique la méthode comparative. On s’estimera satisfait si le lecteur y trouve exactement marquées la valeur, mais aussi les limites de cette méthode.

Les idées développées ici n’ont été fixées par écrit