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la question du dialecte

tique gagne en clarté à être exprimée par un graphique. Le linguiste qui voit sur une carte unique, ou sur deux ou trois cartes qu’il peut juxtaposer, les faits relatifs à un problème a, d’un coup, sous les yeux, les éléments essentiels de la solution.

Dès maintenant, les recherches sur le gallo-roman ont été renouvelées par l’Atlas de MM. Gilliéron et Edmont. Les études provoquées par la publication de l’Atlas se multiplient, et d’autres études où il est tenu compte avant tout des données recueillies sur tout l’ensemble d’une région paraissent sans cesse.

C’est que la comparaison a trouvé, dans ces enquêtes, un instrument de travail supérieur à tout ce qu’elle possédait et précisément adapté à ses besoins. Pour la première fois, on avait, clairement présenté, un ensemble de données immédiatement comparables entre elles, et réparties sur tout le domaine étudié. Quiconque a fait des travaux de grammaire comparée sait combien on souffre de ce que les faits rapprochés offrent des différences de niveau dont il faut faire abstraction : le comparatiste qui travaille sur les langues indo-européennes se sert de données dont les dates s’étendent sur un espace de quelque trois mille ans, qui abondent à certains moments et manquent tout à fait à d’autres, qui existent pour une région alors que, pour tel autre domaine, toute indication manque. Avant de faire un rapprochement, il en faut critiquer en détail tous les éléments. Dans la grammaire comparée des langues indo-européennes, il y a peu de rapprochements qui ne boitent pas par quelque côté.

Dès maintenant, les résultats obtenus par la méthode géographique sont saisissants.