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la géographie linguistique

observations faites sur des points peu éloignés les uns des autres se contrôlent mutuellement, et la vérification résulte du rapprochement même. Du reste, le procédé de l’enquête n’exclut pas celui de la monographie ; et il suffit de comparer les résultats de l’enquête avec les monographies déjà faites ou avec des recherches nouvelles pour apprécier la valeur des observations recueillies par l’enquêteur. En ce qui concerne l’atlas des parlers gallo-romans exécuté par M. Gilliéron avec les observations qu’avait recueillies M. Edmont, il y a eu des vérifications nombreuses : en plusieurs régions, il a été procédé à des enquêtes détaillées portant sur tous les parlers d’une région limitée, ainsi M. Millardet pour les Landes, M. Bruneau pour les Ardennes, M. Oscar Bloch pour les Vosges ; ces enquêtes minutieuses ont en général confirmé pour l’essentiel la justesse des observations de M. Edmont. On a pu relever des erreurs de détail ; nulle part, ces menues erreurs ne vicient l’enquête d’une manière fondamentale.

Les résultats obtenus ont été capitaux, et tels qu’on s’est mis à multiplier les enquêtes de ce genre. En France, il a été fait un atlas pour la Corse, et un autre paraît pour les parlers bretons d’Armorique française. Un atlas catalan est en voie de publication. On a signalé déjà l’atlas que préparent MM. Jaberg, Jud et Scheuermeier. Un jeune Français, M. Tesnière, publie actuellement, sur les formes du duel en slovène, une étude détaillée fondée sur une enquête du type géographique.

Ceci seul que les résultats de l’enquête se prêtent à être indiqués sur des cartes, consacrées chacune à un fait donné, facilite le travail. On sait ce qu’une statis-