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VI.

LA GÉOGRAPHIE LINGUISTIQUE.


Depuis qu’on s’attache à poser des correspondances précises et régulières entre les faits phonétiques ou morphologiques d’une « langue commune » et des langues ultérieurement attestées, on cherche des types linguistiques purs et uns où les règles s’appliqueraient avec rigueur. Les grandes langues renferment des éléments trop divers. Par définition même les dialectes n’ont pas d’unité. On a pensé que le parler populaire, observé dans une localité de petite étendue, fournirait cette unité élémentaire dont le linguiste a besoin. Et l’on a étudié des parlers locaux.

Il a été fait, de parlers très divers, des monographies, les unes brèves et superficielles, les autres détaillées et approfondies. Les monographies précises apportent des données importantes à qui veut connaître à fond un type de langues. Elles sont hautement instructives pour la linguistique générale. Mais, pour le comparatiste qui veut faire l’histoire d’un groupe linguistique, les monographies de parlers locaux ne suffisent pas et sont malaisées à utiliser.

Sur un domaine d’étendue moyenne comme le domaine gallo-roman, il se rencontre plus de trente mille localités dont il y aurait lieu de décrire le parler. La tâche excède