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périodes de préparation

il n’est qu’une conséquence de l’élimination du rythme quantitatif et du changement de caractère de l’ancien ton qui ont eu lieu durant la période impériale du latin, et qui, en vérité, avaient commencé, en quelque mesure, dès avant les premiers monuments écrits du latin, c’est-à-dire, dès avant le iiie siècle av. J.-C., comme l’indiquent diverses circonstances. Le changement de caballum en cheval, qui s’est fait assez vite, est ce qui se voit. La préparation de ce changement a demandé de longs siècles et ne se voit guère.

Ces périodes de préparation ont existé sur tout le domaine indo-européen, presque partout avant l’époque historique, ou hors des moments où le développement est observable. L’histoire du grec et celle du latin donnent une idée de ce qui a pu se passer ; il ne faut pas juger de tout par là ; car, sur le domaine indo-iranien, par exemple, le développement du rythme semble avoir été assez différent. Mais, en gros, il y a eu partout des préparations de ce genre.

Ce que l’on observe en général dans les langues indo-européennes, c’est le résultat de débâcles brusques, consécutives à des périodes de préparation, débâcles à la suite desquelles la langue offre un aspect nouveau, différent du type indo-européen.

La flexion nominale tend à s’éliminer sur tout le domaine indo-européen. Cette élimination a été favorisée par la tendance de la fin de mot à se réduire, d’où il résultait que les caractéristiques des formes casuelles, situées dans la fin de mot, perdaient progressivement de leur clarté. Mais l’essentiel, c’est que la flexion casuelle s’est trouvée peu à peu remplacée par d’autres procédés d’expression. Dès avant la période historique, les formes ca-