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que Trdat Տրդատ, génit.-dat. Trdatay Տրդատայ et ne représente pas une forme ancienne des thèmes arméniens en -a-.

39. — Dans les thèmes en -o-, le datif singulier ancien en *-ōi (gr. ψ, lit. -ui) devait perdre sa finale ; le génitif en *-osyo (skr. -asya, hom. οιο) pouvait sans doute aboutir à arm. -oy –ոյ et par analogie des autres types, cette forme a pu aussi servir de datif ; ainsi k‘noy քնոյ, cf. skr. svápnasya (cf. homér. ὕποιο).

Le seul type de substantifs où l’ablatif singulier eût en indo-européen une forme distincte de celle du génitif était les thèmes en -o- ; la finale de cette forme casuelle, attestée par skr. -āt, v. lat. -ōd, gr. -ῶ (dans des adverbes) devait tomber purement et simplement en arménien ; et c’est k‘un qui répondrait à skr. svápnât, v. lat. somnōd. Au contraire il se trouve que, en arménien, l’ablatif a la même forme que le génitif-datif dans les thèmes en -o- : k‘noy քնոյ, et que, en revanche, il a une désinence propre –Է dans tous les autres types. Quelques thèmes en -u- conservent à l’ablatif l’u du thème en hiatus : zarduē զարդուէ. — Le -y qui figure dans k‘noy քնոյ et que renferme aussi le –Է de amē ամէ, srtē սրտէ, etc. (–Է étant *-ey) peut être issu de *-tes (ou *-tos), cf. le développement de -taḥ en sanskrit, ainsi mukha-táḥ « de la bouche », lat. -tus dans funditus, etc., gr. ἐντός ; mais on ne saurait rien affirmer à cet égard.

Le –ջ des locatifs singuliers, tels que tełwoj տեղւոջ, doit représenter l’ancienne forme d’un type adverbial comparable à celui du grec -οθι, dans -οὐρανόθι (B.S.L. XXXIII, 1932, p. 51).

40. — Il reste maintenant à examiner quelles sont les origines indo-européennes de chacun des types vocaliques.

Les thèmes en -o- –ո– représentent le type thématique indo-européen ; le thème peut être composé de la racine seule avec la voyelle thématique : gorc գործ « œuvre », instr. gorcov գործով, cf. gr. ϝέργον (et [ϝ]όργανον pour le vocalisme radical) ; ker կեր « nourriture », instr. kerov կերով (type gr. λόγος, φόρος, mais avec le vocalisme du verbe, cf. keray « j’ai mangé », les alternances vocaliques de l’indo-européen étant éliminées de l’arménien) ; hin հին « ancien », instr. hnov հնով, cf. skr. sánaḥ, lit. sēnas ; d’autres fois il y a un véritable suffixe indo-européen, ainsi