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եղունդն « ongle » § 21, de ełbayr եղբայր « frère » et ałbewr աղբեւր « source » § 20.

La voyelle u exerce une action sur certaines voyelles de la syllabe précédente : i devient e ե devant un u ու de la syllabe suivante ; ainsi de tër irt էր «maître» on a tirel տիրել «dominer», mais teruViwn եր ու. թիւն «domination» (écrit avec e ե dans les
anciens manuscrits de l’Évangile) et teruni տերունի «du maître» ; le e de henum, հենում «je file», cf. got. spinnan «filer», v. si. pçti
«tendre» et de z-genum զգենում «je m’habille», cf. gr. Tèwopat, devrait être i devant n : le e ե est dû à Vu suivant ; l’ancien i est
d’ailleurs maintenu dans certains parlers modernes, où l’on a
lizu լիզու «langue» (attesté dès le Xme siècle dans les manuscrits arméniens et dans le glossaire latin-arménien édité par Carrière) 
d’un ancien *leyzu, *lëzu, attendu en face de lit. lëzàvis (où ë représente une diphtongue en i) : lezu լեզու de l’arménien classique s’explique par l’influence de u. — Une altération de e par u est plus
difficile à admettre, car heru Հերու «l’an dernier» conserve son
e եՏ aussi que nombre d’autres mots, mais vaVsun վ ա թսուն «soixante» à côté de veç վեց «six» indiquerait une action de u sur e.

Quand un u tombe dans la syllabe finale du mot, il se produit une épenthèse de w après un a de la syllabe précédente ; ainsiarta wsr ա րւո uj t-U ր «larme» ne peut s’expliquer que par *drak’ur, d’où *artâsur de même awr աւր «jour» en face de homérique faap
suppose une finale en *-ôr (type gr. réxptop à côté de réxfiapt cf. anurj անուր9 «songe» en face de gr. ovap) et s’explique ainsi par
*amur, *awmr, avec chute de m dans ces conditions ; pour l’épenthèse du y et la chute de la nasale, on peut comparer ayr այր «homme» de *aynr, cf. gr. ἀνήρ.

VI. LA FIN DE MOT.

26. — En arménien comme dans les autres langues indo-européennes, la fin du mot est sujette à des altérations particulières, qui ont été étudiées dans les M. S. L. XXII, p. 57 sq.

La principale de ces altérations a été signalée ci-dessus § 5 : la voyelle de la syllabe finale des polysyllabes tombe, alors que, dans le reste du mot, seules les voyelles i et u non accentuées tombent et que les autres voyelles se maintiennent quoique inaccentuées.