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chien », de *k’wont-, cf. skr. çvā, accus. çvānam, got. hunds ; de même skesur սկեսուր « mère du mari », cf. skr. çváçuraḥ « père du mari » (le ç sanskrit et le s ս arménien proviennent ici de l’assimilation de i.-e. *s initial à la palatale de l’intérieur du mot, cf. gr. ἑϰυρά got. swaihro, etc.) ; après s, on ne saurait naturellement attendre
 que k կ et non pas k‘ ք, cf. arm. st սա et non *st‘ de i.-e. *st, § 11. Le groupe *tw donne k’ ք՝. accus. k’ez քեզ « toi », cf. skr.
tvâm, gr. ai (de *rFê) ; l’aspirée arménienne est ce qu’on doit avoir comme résultat d’une sourde indo-européenne ; après 5, *tw doit
aboutir à k կ, puisque *st aboutit à arm. st սա, et en effet oskr ո u 1լր « OS » sort sans doute de *ostw-er, cf. lat. ossua et gr. è<txi(F)ov (cf. M. S. L. XXIII, p. 259—260). On attend dès lors k կ comme résultat de *dw, et en effet c’est metk մեղկ « mou » de *meldwi-, qui
répond à skr. mfduh, fémin. mfdvï et à lat. mollis (de *moldwi-) ; mais, à l’initiale, c’est rk րկ précédé d’une prothèse suivant larègle générale, qui répond à *dwerkar երկար « long », gr. Ôâpôc,dijpèç « long » (*dFâpiiç), erku երկու « deux », cf. skr. duvâ, dvâ, gr. Sya>, iïd>-(âexa), v. si. düva ; erknUm երկնչիմ (de *erki-nçim) » je crains », cf. gr. AFé(y)oç « crainte », 8idFo(y)ay SéiïFipev ; (cf.
Rev. ét. arm. IV, p. 1 sq.) ; il est certain que erku երկու « deux » est un ancien monosyllabe, et que, comme dans l’accusatif eris երիս « trois » en regard de got. brins, Ye y est une prothèse arménienne (voir § 20), car autrement le u (ancien *ô) de la syllabe finale serait tombé. Ce traitement est instructif ; en effet l’occlusive k est la sourde arménienne attendue en regard d’une sonore indo-européenne ; mais r est un reste de l’articulation sonore d : l’altération du groupe dv est donc antérieure à la mutation consonantique arménienne. Le traitement kde *dw dans krkin կրկին « double » (cf. me-kin մեկին « simple », erekl-kin երեքկին « triple ») s’explique sans doute par une dissimilation : r de l’intérieur du mot a empêché le développement de r dans le groupe initial, en supposant un ancien *dwir-kiti.

23. — Le y յ est la forme consonantique de i ի ; ainsi la préposition qui est i ի « dans, de » devant consonne est y յ devant 
voyelle : i tełwoǰ ի աեղւոջ « dans le lieu », mais yami յամի « dans 
l’année », yamē յամէ « de l’année ». Il ne suit pas de là que le y յ arménien réponde au *y indo-européen. Mais on ne possède que peu