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dans l’expression ger i veroy գեր ի վերոյ « au-dessus de tout ou 
de tous ». Les formes ger գեր et ver վեր, qui y figurent, ont la même étymologie. Il s’agirait d’un correspondent de gr. ὑπερ, skr.upári « sur », avec élimination de la voyelle initiale ; ce qui est possible, puisque arm. *uper > *uwer (pour -p- > -w-, cf. § 11) était 
un mot accessoire dont l’emploi syntactique a pu amener abrègement 
entraînant la mutilation de certains éléments. On aurait eu, selon
 les cas, *(u)wer aboutissant à ver վեր et *(u)wer aboutissant à ger գեր. On remarquera que la forme ver վեր apparaît après voyelle : i ver ի վեր, i veray ի վերայ etc. Arm. ge գե dans les mots originaux ne peut représenter que *we-, puisque l’ancien *ghe- aboutit
 à ǰe ջե—. La différence entre le traitement g- et le traitement v- tient sans doute à des faits de phonétique syntactique. — En effet 
w ւ, resp. v վ, est le traitement normal entre voyelles : tiw տիւ
 « jour », cf. skr. divé-dive « de jour en jour » : kov կով « vache », génit.
 kovu կովու, cf. le génitif skr. gavâh, gr. tlat. bouis, etc. Mais g գ apparaît aussi devant des sonantes : kogi կոգի « beurre » (produit de la vache), cf. skr. gâvyah « de vache » ; taygr աայգր 
« frère du mari », cf. skr. devâr-, gr. àayp, lit. dëveris ; loganam
լոգանամ «je me lave», cf. gr. Խձ<օք lat. lauô : le *w devenu g գ se trouvait ici devant y, r, n, mais le détail des conditions ne se laisse pas déterminer. Le contraste de kov կով et kogi կոգի se retrouve entre arew արեւ « soleil » et le composé areg-akn արեգ- սյ կն « soleil ». Devant r, le *w semble disparaître dans quelques
mots : nor նոր « nouveau », cf. gr. ve(F)ap6ç ; sor սոր « trou », cf. lat. cauerna (avec eau issu de *kow~) ; alber աղբեր génit. de 
albiwr աղբիւր « source », cf. gr. *<fp ?j[F]ap (> <ppéüp) ; ici non plus les conditions de la chute ne se laissent pas déterminer.

Dans les groupes composés de consonne plus *w, le w devient
aussi guttural ; certaines consonnes précédentes perdent leur point d’articulation propre, mais toutes conservent leur caractère de sourde ou de sonore, d’aspirée ou de non aspirée qui est attribué à la 
gutturale ; ainsi *sw-, devenu *hw-, donne, avec assourdissement du w par h, arm. k‘ ք : k‘oyr քոյր « sœur », cf. skr. svásâ, got. swistar ; 
k‘un քուն « sommeil », cf. skr. svápnah ; k‘irtn քիրտն « sueur », cf. skr. svédaḥ, v. saxon swēt ; *k’w donne avec le traitement normal de *k’ et assourdissement de w, arm. sk սկ : skund սկունդ « petit