I.-e. *n̥ et *m̥ donnent an ան, am ամ : k’san քսան « vingt », cf. béotien ϝίκατι, av. vīsaiti, lat. uīgintī ; de même *°n, *°m donnent an ան, am ամ : amaṙn ամառն « été », cf. v. h. a. sumar. Il est impossible de reconnaître si an ան dans (dr-)and դր–անդ « devant de porte » répond au *n̥ long de skr. ā́thāḥ ou au *anə de lat. antae (de *anətai).
19. — Les anciennes diphtongues composées de voyelle suivie de *r, *l, *n, *m sont représentées en arménien par des voyelles suivies de r ր, ł ղ, ո ն, m մ et n’appellent pas d’observations, ainsi erg երգ « chant », cf. skr. arkâḥ « chant », sirt սիրտ « cœur », de *kêrdi, cf. gr. κῆρ, got. hairto, skr. hā́rdi (avec h énigmatique) ; ałt աղտ « sel », cf. got. salt ; eresun երեսուն « trente », cf. gr. τριάκοντα. Sur le traitement des diphtongues à nasale devant s v. § 15. Le traitement w ւ de n dans awcanel աւծանել « oindre » et awj աւձ « serpent » signalés ci-dessus (§ 11, II) et dans giwt գիւտ trouvaille », cf. skr. vindáti « il trouve », semble difficilement contestable, mais les conditions n’en sont pas clairement établies (cf. Pedersen, K. Z. XXXIX, p. 408 sq.).
Les diphtongues en i et u ont des traitements plus compliqués. Les plus claires sont *ai et *au qui donnent ay այ et aw աւ : ayc այծ « chèvre », cf. gr. αἶξ, αἰγός ; awt‘ աւթ « lieu où l’on passe la nuit », cf. gr. αὖλις. La simplification de aw աւ en o est postérieure à la fixation de l’ancien arménien et la graphie o de la diphtongue, qui date seulement du moyen âge, n’a pas à être considérée ici. — C’est la diphtongue arménienne oy ոյ qui répond aux diphtongues i.-e. *eu et *ou, ainsi loys լոյս « lumière », cf. gr. λευκός, λοῦσσον ; boyc բոյծ « nourriture », cf. skr. bhógaḥ (indo-iranien *bhaugas), etc. ; c’est de même oy ոյ qui représente la diphtongue iranienne au (persan ō) dans les mots empruntés à l’iranien, ainsi kapoyt կապոյտ « bleu » de iran. kapauta-, pehlevi kapōt ; on a vu ci-dessus § 15 comment s’explique le oy de k‘oyr քոյր « sœur » ; la diphtongue oy ոյ ne représente u suivi de y que dans des formations proprement arméniennes, comme celle des im parfaits du type hełoyr Հեղոյր « il versait » de *hełu-yr, cf. ała-yr աղայր. — La voyelle simple ē է (c’est-à-dire e fermé) sort d’une