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ուղտ « chameau », génit. ułtu ուղտու, unkn ունեն « oreille », génit. unkan ունկան, etc. Le h հ étant une consonne, i et u tombent dans les groupes initiaux hi, hu, ainsi hur հուր « feu », génit. hroy հրոյ ; mais, par suite de la faiblesse du souffle du h arménien, la voyelle subsiste dans quelques mots, ainsi himn հիմն « fondement », génit. himan հիման ; hing հինգ « cinq », hingerord հինգերորդ « cinquième ». En hiatus, on a par exemple ji ձի « cheval », gén. jioy ձիոյ ; lezu լեզու « langue », gén. lezui լեզուի ; mi մի « un », miaban միաբան « qui est d’accord », etc. ; en dehors du cas des mots monosyllabiques comme ji ձի et mi մի, un i en hiatus forme une diphtongue ea եա avec un a suivant, ainsi à l’instrumental de tełi տեղի « lieu », tełeaw տեղեաւ ; mais -y- passe à w devant o ո, ainsi dans tełwoy տեղւոյ au génitif du même mot ; barwok‘ բարւոք « bon » dérivé de bari բարի « bon ». En effet *-iyo- est devenu *-iwo-, d’où -wo- (Pedersen, K. Z. XXXVIII, p. 199).

β. — Les diphtongues oy ոյ et ea եա deviennent en syllabe inaccentuée u ու et e ե ; l’ancienne diphtongue *ey, toujours représentée en arménien classique par ē Է, devient i ի : yoys յոյս « espoir », aṙak‘eal առաքեալ « apôtre », sēr սէր « amour » font au génitif yusoy յուսոյ, arak‘eloy առաքելոյ, siroy սիրոյ ; la 1ère personne de l’aoriste gorceaç գորժեաց « il a fait » est gorceçi գորժեցի ; les anciens emprunts de date arsacide spitak սպիտակ « blanc » de pehlevi spētak et patmučan պատմուճան « vêtement » de pehlevi patmōčan ont i et u en regard de pehlevi ē et ō issus d’anciennes diphtongues iraniennes ai et au, alors que l’arménien représente d’ordinaire les diphtongues iraniennes dans les mêmes conditions par ē է et oy ոյ ; les diphtongues anciennes *oi et *ou, représentées en syllabe accentuée arménienne par ē է et oy nj, le sont en syllabe inaccentuée par i ի et u ու, ainsi gini գինի « vin » en regard de gr. ϝοῖνος et lusin լուսին « lune » en regard de lat. lūna, v. sl. luna « lune », v. pruss. lauxnos « astres » (de i.-e. *louksnā-). — La triphtongue eay եայ devient en syllabe inaccentuée e ե, comme ea եա, ainsi dans le subjonctif aoriste keçem կեցեմ « que je vive » de *kea-yçem ; hreay հրեայ « juif », génit. hrei հրեի (հրէի dans les textes imprimés).

Les voyelles autres que i et u et les diphtongues autres que oy, ea, *ey (historiquement ē Է) ont un même traitement en syllabe