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minatif, si on employait la forme personnelle du verbe : որ ou որք տեսեալ եին զնա. (Sur la manière dont l’arménien, dans ces formes composées nouvelles, a, à la fois, conservé des valeurs archaïques de la catégorie du parfait indo-européen à forme simple, et amorcé l’expression du temps relatif, voir Stanislas Lyonnet, Le parfait en arménien classique, Paris 1933.)

Il y a de même des temps composés avec le participe futur en -loç –լոց, qui est à la fois actif et passif : bereloç em բերելոց եմ « je dois porter » et « je dois être porté » ; Jean XIII, 21 մի ոմն ի ձէնշ մատնելոց է զիս εἴς ἐξ ὑμῶν παραδώσει με (eis ex humôn paradôsei me) ; Luc IX, 44 որդի մարդոյ մատնելոց է ὁ υἱὸς τοῦ ἀνθρώπου μέλλει παραδιδυσθαι (ho uios tou anthrôpou mellei paradidusthai) « le fils de l’homme doit être livré ». La construction impersonnelle, fréquente avec le participe en -eal –եալ, ne s’y rencontre donc pas.

98. — L’infinitif en -l –լ et le participe en -eal –եալ ont en commun le même suffixe *-lo- qui répond au -lo- du participe des temps composés du slave : nes-lŭ jesmĭ « j’ai porté », littéralement « je suis porteur » ; l’emploi, au premier abord étrange, du génitif dans les tours signalés aux §§ 64 et 97 provient sans doute de ce que les participes en -eal –եալ représentent d’anciens substantifs : nora bereal ē նորա բերեալ Է « il a porté » a dû signifier originairement « il y a porter de lui », c’est-à-dire que l’infinitif et le participe seraient des formations également nominales, mais de structure distincte (cf. Mariès, R. E. Arm. X, 1930, p. 176). L’arménien et le slave sont les langues où le suffixe *-lo- a fourni les formes nominales les plus importantes, mais ce suffixe n’est pas rare par ailleurs, ainsi gr. στερβ-λό-ς (sterb-lo-s) « tourné », μιμη-λό-ς (mimê-lo-s) « imitant », σιγη-λό-ς (sigê-lo-s) « silencieux », σϰόπελος (skopelos) « pointe de roc » (littéralement « observatoire »), αἴθαλος (aithalos) « suie », etc.

Les participes en -oł –ող (fléchis en -a- –ա–) à signification de présent, comme beroł բերող « portant », sont peu employés. Leur suffixe est identique à celui du type grec μαινό-λ-ης (maino-l-ês), qui se rattache à un thème de présent : μαινο (maino), et repose sur la forme athématique du suffixe : -i-, -*l- et non -*lo-. Le tokharien a eu aussi des participes en -l- qui sont représentés dans les deux dialectes A et B et dont les uns appartiennent à des présents et les autres à des prétérits. (Voir A. Meillet, Sur le type de gr. μαινόλης (mainolês)., B. S. L.,