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Le subjonctif taç, taçes տաց, տացես reste sans explication directe. (Voir L. Mariès, Sur la formation de l’aoriste et des subjonctifs en -ç- –ց– en arménien. Rev. Ét. arm., t. X, 1930, p. 167-182.) — Le subjonctif aoriste moyen est identique au précédent à ceci près qu’il a -i- –ի– là où celui-ci a -e- –ե– : berçis բերցիս « que tu sois porté », « tu te porteras » ou « tu seras porté », berçi բերցի, berçin բերցին, et que la première personne du singulier est faite sur la première personne de l’aoriste moyen, sur le modèle de beriç բերից en regard de beri բերի, c’est-à-dire que l’on a berayç բերայց « que je sois porté, je serai porté » d’après beray բերայ « j’ai été porté », et ainsi dans tous les cas ; les formes berçuk‘ բերցուք et berjik‘ բերջիք sont communes à l’actif et au moyen.

Le subjonctif des aoristes en -ea- –եա– a la forme suivante : erkeayç երկեայց « que je craigne, je craindrai », erkiçes երկիցես, erkiçē երկիցէ, etc., en regard de erkeay երկեայ « j’ai craint ».

92. — Le subjonctif arménien, bien qu’étant une formation nouvelle, répond aux emplois du subjonctif et en partie aussi à ceux de l’optatif indo-européen. C’est la forme où la différence de valeur des thèmes du présent et d’aoriste est le plus sensible, l’un indiquant un procès qui dure, l’autre un procès qui aboutit à un terme ; ainsi : Jean XVI, 21 կին յորժամ ժնանիցի (est en train d’engendrer τίϰτῃ (tiktê)) արտմութիւն է նմա՝ զի հասեալ է ժամ նորա. այլ յորժամ ժնցի (enfante γεννήσῃ (gennêsê)) զմանուկն, ոչ եւս յիչէ զնղութիւնն վասն խնդութանն, զի ժնաւ մարդ յաչխարհ ἡ γυνὴ ὅταν τίϰτῃ λύπην ἔχει, ὅτι ἦλθεν ἡ ὥρα αὐτῆσ· ὅταν δέ γεννήσῃ τὸ παιδίον, οὐϰετι μνημονεύει τῆς θλίψεως διὰ τὴν χαρὰν ὅτι ἐγενήθη ἄνθρωπος εἰς τὸν ϰόσμον. C’est le subjonctif aoriste qui traduit d’ordinaire le futur grec : beriç բերից traduit οἴσω (oisô) aussi bien que le subjonctif aoriste ἐνέγϰω (enegkô), de là vient qu’on désigne souvent cette forme par le nom inexact de « futur ».

d) Indicatif aoriste ; emploi de l’augment.

93. — Les trois personnes du singulier des formes qui ont fourni l’aoriste arménien devaient se confondre après la chute des finales : à véd. bháram, bháraḥ, bhárat, homérique φέρον, φέρες, φέρε (pheron, pheres, phere) devait répondre uniformément arm. *ber, ou, avec l’augment, à skr. ábharam, ábharaḥ, ábharat, gr. ἔφερον, ἔφερες, ἔφερε (epheron, epheres, ephere), arm.