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cette formation ; il a ainsi koçem կոչեմ « j’appelle », qui doit reposer sur *gwot-ye- ; pour la racine cf. got. qiԻan « dire ». — Le type en -i- du slave est accompagné d’un thème d’infinitif en ě-, ainsi sedě-ti « être assis » à côté de sědi-tě « il est assis », et le grec a de même l’aoriste μανῆ-ναι (manê-nai) à côté de μαίνεται (mainetai) ; il n’est donc pas impossible que -i- de nstim նստիմ « je m’assieds » repose sur i.-e. *-ē- ou sur un dérivé *-ēye-, cf. lat. sedeō, sedēre. Il convient par suite de ne rien affirmer précisément sur l’origine des verbes arméniens en -i-.

Au point de vue arménien, le type en -i- –ի– est une forme secondaire du type en -e- –ե– et la caractéristique -i- se montre seulement au présent et à l’impératif ; mais l’infinitif, l’imparfait, le subjonctif ont -e- : ainsi l’infinitif de berim բերիմ est bere-l բերել l’imparfait berei բերեի « je portais », le subjonctif berēçim բերիցիմ (de *berēçim, ancien *bere-yçim).

Abstraction faite des passifs dérivés de présents en -e- –ե–, les verbes en -i- fournissent deux séries parallèles à celles des verbes en -e- –ե– et une série en -č̣- –չ–.

α) Présent sans nasale.

78. — Un verbe est primaire :

nstim նստիմ « je m’assieds » (aor. nstay նսաայ), de *ni-zd-, cf. skr. ni-ṣīdati « il s’assied », av. nišhiδaiti (même sens) ; l’i radical apparaît dans le substantif nist նիստ « siège ».

Les autres verbes sont secondaires, ainsi hotim հոտիմ « je sens, j’ai de l’odeur » (aor. hoteçay հոտեցայ), de hot հոտ « odeur », ou, avec un redoublement intensif de tout l’élément radical dont les exemples ne sont pas rares en arménien (§ 81 bis), hot-otim հոտոտիմ « je sens, j’ai la sensation d’une odeur ».

β) Présent à nasale.

Les verbes de ce type sont primaires et ont l’aoriste sans -ç- –ց– comme les verbes en -e- –ե– correspondants, ils remplacent l’ancien type à nasale infixée :

usanim ուսանիմ « j’apprends » (aor. usay ուսայ), cf. v. sl. vyknõti « s’habituer, apprendre » (de *unk-), lit. j-ùnk-ti « s’habituer » :