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MIMI, vivement.

Je ne vous crois pas ! vous n’êtes pas un jardinier ! Les jardiniers nous les connaissons ! En fait d’hommes on ne voit que ça ici, avec Vert-Vert et le maître de danse ! Non ! non ! Les jardiniers n’ont pas les mains si blanches, les cheveux si bien lissés !

FRIQUET.

Ah ! diable.

MIMI.

Vous devez être de ceux qui viennent pour nous enlever.

FRIQUET.

Comment !

MIMI.

Oh ! je sais que le mari de Bathilde a pénétré ici ! c’est un dragon ! vous devez être un dragon aussi !

FRIQUET.

Mais…

MIMI.

Avouez, monsieur ! avouez tout de suite, où je vous fais chasser…

FRIQUET.

J’avoue, j’avoue…

MIMI.

A la bonne heure… maintenant que je sais pourquoi vous venez, je n’appellerai pas.

FRIQUET.

Eh bien oui ! je suis un ami de Gaston, je suis venu avec lui, mais au lieu de partir, je me suis caché dans le petit pavillon. J’y étais depuis un moment, quand je vois entrer un paysan qui me dit : monsieur, c’est moi Pacot qui remplace Binet, voilà ma lettre de recommandation. (Il montre une lettre.) J’ai saisi l’occasion. Quelques louis ont décidé mon homme à faire tout ce que je voulais, et il s’est sauvé par-dessus la haie en me laissant sa lettre et ses habits du dimanche que j’ai pris dans sa malle et que j’ai échangés contre mon uniforme. Voilà, et je me dépêche de profiter de vos avis.

Il ébouriffe ses cheveux, prend de la terre en s’en frotte les mains.