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FRIQUET.

Que son mari est ici qui l’attend.

BINET.

Jamais, jamais…

LE COMTE, badinant avec son épée.

Votre pauvre oreille gauche…

FRIQUET.

Votre pauvre oreille droite…

BINET, terrifié.

Ah !…

LE COMTE.

Et puis ce n’est pas tout… Quand Binet reviendra, amenant ici madame d’Arlange, monsieur d’Arlange se fera un plaisir de donner à Binet ces dix beaux louis à l’effigie de sa majesté.

BINET.

Dix beaux louis…

FRIQUET.

Cela ne vaut-il pas mieux que d’avoir les oreilles coupées ?

BINET.

Certainement cela vaut mieux… et je vais…

LE COMTE.

Oui, Binet, allez… seulement…

BINET.

Seulement…

LE COMTE.

Il faut être honnête, Binet, il ne faut pas s’aviser de nous trahir… parce que, si au lieu de madame d’Arlange, nous voyons venir ici la directrice du pensionnat… il arrivera…

BINET.

Il arrivera ?

LE COMTE.

Il arrivera que Binet n’aura rien perdu pour attendre, et que la première fois qu’il mettra les pieds hors du pensionnat, il trouvera deux dragons qui fort poliment lui réclameront ses deux oreilles.

BINET.

Oh ! n’ayez pas peur…