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en scène le dernier. Au moment de partir, il s’arrête, écoute, regarde. Il entend des pas, il voit venir quelqu’un : un bon coup à faire à lui tout seul !… Parait Bernadille : il entre rapidement, inquiet, effaré, tenant son mouchoir à la main. Le petit voleur, qui est caché derrière un pilier, sort de sa cachette et s’élance sur Bernadille. Bernadille empoigne le petit voleur, lui arrache des mains son pistolet, puis, de la main gauche, le secoue violemment par le collet, tandis que, de la main droite, il s’évente tranquillement avec son mouchoir : après quoi il jette dehors le petit voleur avec un grand coup de pied. — Le petit voleur, en se sauvant, s’écrie : « Ça n’a pas réussi !… »



Scène II

BERNADILLE, seul.

Il est bête, ce petit voleur… Il est bête de s’attaquer à moi qui suis plus fort que lui… Il est bête surtout de s’attaquer à moi dans un moment où je suis de mauvaise humeur… C’est épouvantable, ce qui m’arrive ! Je suis poursuivi, traqué, toute la police du Régent est sur pied à cause de moi… Et cependant je ne suis pas un tire-laine comme ces messieurs… Oh ! non, c’est politique, moi, c’est purement politique… mais on ne m’en poursuit qu’avec plus d’activité… J’ai pu échapper à ces deux escogriffes qui me serraient de près… mais ils me rattraperont, ces deux escogriffes… avec ces deux-là il en reviendra d’autres, et je finirai par être pris… c’est inévitable. Certainement, si ma petite Toinon, la cabaretière qui demeure là, si ma petite Toinon que j’adore ne consent pas à me donner asile, je suis perdu. Et ce sera ma faute ! Je vous demande un peu ce que j’allais faire, moi, un perruquier, dans la conspiration de M. de Cellamare ! (Il appelle tout doucement, tout en regardant autour de lui.) Hum ! Toinon ! Toinon !… Elle ne m’entend pas… ou bien elle ne veut pas m’entendre… Elle doit être furieuse… il