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CARMEN.
C’est toi ? C’est moi. On m’avait avertie

Que tu n’étais pas loin, que tu devais venir…
On m’avait même dit de craindre pour ma vie,
Mais je suis brave et n’ai pas voulu fuir.

JOSÉ.
Je ne menace pas, j’implore, je supplie ;

Notre passé, je l’oublie,
Carmen ! nous allons tous deux
Commencer une autre vie,
Loin d’ici, sous d’autres cieux.

CARMEN.
Tu demandes l’impossible !

Carmen jamais n’a menti :
Son âme reste inflexible ;
Entre elle et toi, tout est fini.

JOSÉ.
Carmen, il est temps encore,

Ô ma Carmen, laisse-moi
Te sauver, toi que j’adore,
Et me sauver avec toi !

CARMEN.
Non, je sais bien que c’est l’heure,

Je sais bien que tu me tueras ;
Mais, que je vive ou que je meure,
Non, je ne te céderai pas !

ENSEMBLE
JOSÉ.

Carmen, il est temps encore,
Ô ma Carmen, laisse-moi
Te sauver, toi que j’adore,
Et me sauver avec toi !

CARMEN.

Pourquoi t’occuper encore
D’un cœur qui n’est plus à toi ?
En vain tu dis : « je t’adore ! »
Tu n’obtiendras rien de moi.

JOSÉ.

Tu ne m’aimes donc plus ?

Silence de Carmen, José répète :

Tu ne m’aimes donc plus ?

CARMEN.
Tu ne m’aimes donc plus ? Non ! je ne t’aime plus.