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LA PÉRICHOLE

sonnes, et en les écoutant sans me fâcher, que j’arriverai peu à peu à me rappeler les choses et à me rendre compte de ma situation… Si je les arrêtais, les personnes, et si je leur demandais : « Qu’est-ce que je fais ici ?… » Si je leur demandais ça tout bêtement, j’aurais l’air d’une bête… tandis qu’en ne demandant rien et en écoutant… Voyons un peu, voyons… Je sais déjà que j’ai épousé une femme… c’est très bien… Qu’elle est cette femme ?… je n’en sais rien… mais, d’ici à peu de temps, sans doute, je rencontrerai des gens qui me le diront.

Musique à l’orchestre. — Les rideaux s’ouvrent. — Des courtisans entrent successivement par le fond, de gauche et de droite, et viennent entourer Piquillo sans rien dire et en le montrant du doigt.


Scène IV

PIQUILLO, les Courtisans.
PIQUILLO, à lui-même.

Ah ! ah ! des messieurs, maintenant !… (Pendant que les courtisans se placent, un à un, en demi-cercle autour de lui.) Qu’est-ce qu’ils vont me faire ? S’ils n’étaient que quatre, je croirais qu’il veulent jouer aux… mais ils sont plus de quatre… (En voyant entrer d’autres courtisans.) Encore !… Ils forment le rond… c’est qu’il désirent que je leur chante quelque chose… C’est mon métier… je vais leur chanter quelque chose… Hum !… hum !…

Au moment où il va ouvrir la bouche pour chanter, les courtisans entonnent, sans accompagnement d’orchestre, le quatrain suivant, sur le motif du second acte de la Favorite.

LES COURTISANS.
Quel marché de bassesse !
C’est trop fort, sur ma foi,
D’épouser la maîtresse,
La maîtresse du roi !