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ACTE PREMIER

C’est très bien et je pense que maintenant le pauvre Piquillo a chanté sa dernière chanson.

Relisant la lettre.
« Pour les choses essentielles,
Tu peux compter sur ma vertu… »

Mais certainement j’y compte !… et tu vas voir comme j’y compte !… Ah ! Périchole ! Périchole !… (Il regarde autour de lui, aperçoit la guitare de la Périchole et en détache la corde.) Une corde… voici qui en tiendra lieu. (Il va au cabaret et avis un gros clou à l’un des piliers.) Un clou ! c’est très bien… un escabeau, maintenant… (Il prend un tabouret et le met sous le clou.) Là… j’ai tout ce qu’il me faut… (Il monte sur le tabouret, attache le ruban au clou et se le passe autour du cou.) Il n’y a plus qu’à donner un coup de pied dans l’escabeau… ça a l’air tout simple… et c’est justement la chose délicate… allons !… une ! deux !… trois !… (Il ne bouge pas.) Décidément, c’est la chose délicate… C’est comme, au billard, le dernier carambolage… tous les amateurs vous diront que c’est le plus difficile… allons !…

Panatellas sort rapidement du cabaret et heurte par mégarde le tabouret qui tombe ; Piquillo se trouve pendu ; la corde qui doit être très élastique s’allonge et Piquillo tombe sur le dos de Panatellas, qui se met à crier.


Scène XII

PIQUILLO, PANATELLAS, puis les Trois Cousines.
PIQUILLO, tout étourdi, soutenu par Panatellas.

Ah ! mon Dieu ! ah ! mon Dieu !…

PANATELLAS.

Holà ! quelqu’un !… à moi !… (Les trois cousines accourent ; Berginella prend un tabouret sur lequel on fait asseoir Piquillo.) Cet homme… il était là… en train de se pendre !…