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LA PÉRICHOLE
PANATELLAS, remettant le règlement dans sa poche.

Obéir, Pedro… et plus tard nous verrons.

DON PEDRO, montrant la maison du fond.

Alors, j’entre là… Il y a ici un notaire, je vais tâcher de le décider.

PANATELLAS.

Et je vais, moi, tâcher de trouver un mari !

Dan Pedro entre dans la maison qui est au fond. — Panatellas entre dans le cabaret, après avoir fait à la Périchole de grandes révérences.


Scène IX

LA PÉRICHOLE, puis DON ANDRÈS et ensuite les Trois Cousines.
LA PÉRICHOLE, seule.

Ah ! Piquillo ! pauvre Piquillo !… que vas-tu dire, quand tu recevras cette lettre ?…

Elle se lève, sa lettre à la main, et se met à la relire.
MORCEAU.
« O mon cher amant, je te jure
Que je t’aime de tout mon cœur ;
Mais, vrai, la misère est trop dure,
Et nous avons trop de malheur !
Tu dois le comprendre toi-même,
Que cela ne pourrait durer,
Et qu’il vaut mieux… (Dieu ! que je t’aime ! )
Et qu’il vaut mieux nous séparer !
Crois-tu qu’on puisse être bien tendre,
Alors que l’on manque de pain ?
À quels transports peut-on s’attendre,
En s’aimant quand on meurt de faim ?
Je suis faible, car je suis femme,
Et j’aurais rendu, quelque jour,
Le dernier soupir, ma chère âme,
Croyant en pousser un d’amour…