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aurait été impossible… (En le regardant avec curiosité.) Ainsi, là, vraiment, vous les connaissez toutes ?

ALFRED.

Sans exception… Qui est-ce qui les connaîtrait, si, moi, je ne les connaissais pas ?

LE BARON.

Quelle existence ! Celle-ci après celle-là, la blonde après la brune, la brune après la blonde… C’est alléchant, je ne dis pas le contraire, c’est alléchant… mais, au milieu de cette ribambelle de femmes, a-t-on le temps d’aimer et d’être aimé ?

ALFRED.

Mon Dieu, vous savez, ça dépend du service.

LE BARON.

Vous dites ?…

ALFRED.

Vous voulez prendre la question de plus haut ?… ça m’est égal, prenons-là de plus haut ! Vous me demandez si, au milieu de cette ribambelle de femmes, on a le temps d’aimer…

LE BARON.

Et d’être aime…

ALFRED.

Non, on ne l’a pas… (Avec force.) Non, on ne l’a pas !… mais, voyons, monsieur, on ne peut pas tout avoir… avoir les femmes et avoir l’amour, ce serait trop : celui qui a l’amour ne peut pas avoir les femmes, celui qui a les femmes ne peut pas avoir l’amour ; il faut choisir… moi, j’ai choisi les femmes.

LE BARON.

Vous avez bien fait.

ALFRED.

N’est-ce pas ?