Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, III.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
ACTE PREMIER.
BARBE-BLEUE.
II
Si quelque jour, bientôt peut-être,
D’un mari je te fais présent,
Ce jour-là, tu nous promets d’être
Digne de lui, comme à présent.
BOULOTTE, se levant.
Vous promettre ça ?… Je l’veux bien,
Attendu qu’ça n’m’engage à rien !
BARBE-BLEUE.
Écoutez, manants et vassaux !…
Je vais faire une chose immense !
Grands principes, je vous devance !
J’inaugure les temps nouveaux !
Moi, noble et grand seigneur de race haute et fière,
Sire de Barbe-Bleue et de maints autres lieux,
J’entends que le palais s’unisse à la chaumière ;
Prince, j’épouse une bergère
À la barbe de mes aïeux !
LE CHŒUR, intrigué.
Une bergère !
BARBE-BLEUE, montrant Boulotte.
Cette bergère !
POPOLANI, crevant de rire, à part.
Ah ! quelle bergère !
LE CHŒUR.
Prince, il épouse une bergère !
BOULOTTE, saisie.
C’est-y ben vrai, mon doux seigneur ?
BARBE-BLEUE, simple et grand.
Ma parole d’honneur !
BOULOTTE, faisant la révérence.
Ah ! pour moi quel honneur !
POPOLANI, bas, à Boulotte.
Femme de Barbe-Bleue ! et vous n’aurez pas peur ?