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ACTE PREMIER.
LE COMTE.

Vous auriez dû y voir autre chose… Souvenez-vous… souvenez-vous…

FLEURETTE.

Que voulez-vous dire ?… vous me troublez…

LE COMTE.

Remontez par la pensée jusqu’aux premières années de votre enfance… Un palais… un grand palais… des gardes avec de l’or sur leurs cuirasses, des femmes aux parures étincelantes… de jeunes seigneurs… et, au milieu, avec une couronne sur la tête, un mari qui se dispute avec sa femme… Luxe et splendeur, misère et vanité, une cour… une cour, enfin !… Souvenez-vous… souvenez-vous…

FLEURETTE, frappée.

Oui, oui, je me souviens…

LE COMTE.

Et plus tard, sans transition aucune, une grande sensation de fraîcheur… de l’eau, de l’eau partout… le fleuve tout autour ; à droite et à gauche, les rives du fleuve. Au-dessus du fleuve, le ciel. Au-dessous du ciel, sur le fleuve, une corbeille, qui va, qui vient, qui flotte… dans cette corbeille, une enfant… Souvenez-vous… souvenez-vous !…

FLEURETTE.

Oui, oui, je me souviens…

LE COMTE.

Pas un mot de plus… Vous êtes la princesse Hermia ; vous êtes la fille du roi, mon maître.

FLEURETTE, stupéfaite.

La fille ?…