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BARBE-BLEUE.

LE COMTE.

Je prendrai la première paysanne venue et je la déposerai sur les marches du trône… mais, encore une fois, j’espère trouver la vraie… J’ai réuni le conseil supérieur des ponts et chaussées, et je lui ai posé cette question : « Un berceau, confié à un fleuve, va-t-il tout droit à la mer ?… — Oui, me répondirent les ponts et chaussées, à moins que sur ce fleuve il n’existe un barrage… En existe-t-il un sur notre fleuve à nous ?… — Oui… devant le château du sire de Barbe-Bleue. » Voilà pourquoi je suis ici… c’est ici que la corbeille a dû s’arrêter… c’est ici que la princesse a dû être recueillie…

POPOLANI.

Très bien raisonné !

LE COMTE.

C’est en raisonnant comme ça que je suis arrivé à gouverner es hommes… en raisonnant comme ça, et en profitant de toutes les circonstances heureuses qui se présentaient… Or, il s’en présente une des plus heureuses… cette réunion de jeunes filles pour choisir la rosière.

POPOLANI.

C’est vrai !

Rentre, par la gauche, Saphir, essoufflé, que poursuit toujours Boulotte ; il arrive à sa cabane et s’enferme ; Boulotte arrive à son tour et trouve la porte fermée.

BOULOTTE.

Manqué !